Louis Aston Knight

Louis Aston Knight, un Américain tombé amoureux de Beaumont le Roger

Peintre de l’eau

Les premières années

Louis Aston Knight, fils du célèbre peintre de la vie paysanne française, Daniel Ridgway Knight, est né à Paris le 3 août 1873.
Il grandit dans le château de Poissy. La maison confortable et hospîtalière était toujours pleine de visiteurs, amis et artistes. Il vécut ensuite sur une péniche et ne découvrit les Etats-Unis qu’en 1905.
En 1907, il épousa une lointaine cousine venue d’Amérique rencontrée à Beaumont le Roger non loin de son moulin, alors qu’elle passait des vacances avec sa mère.
Jusqu’au début de la première guerre mondiale, le couple vécut à Paris et fit de nombreux voyages aux Etats-Unis et à Venise. Parallèlement, Aston Knight commença à privilégier les chaumières, les fleurs et les ruisseaux murmurants de Normandie. Ces œuvres rencontrèrent beaucoup de succès aux Etats-Unis où les Knight restèrent jusqu’à la fin de la guerre.

 

 Louis Aston Knight s’installe à Beaumont -le- Roger

En 1920, Aston Knight acquit un manoir style Louis XIII en briques et pierres blanches construit par François Mansart à Beaumont le Roger. Il y aménagea de magnifiques jardins qui servirent de sujets pour ses peintures. Dans sa propriété, il construisit une chaumière qu’il ne s’est jamais lassé de peindre sous toutes les lumières, source d’une série de tableaux connus sous le nom de “Diane’s Cottage”. Elle représentait tout le charme d’une idéale demeure bucolique blottie dans une profusion de fleurs le long d’un ruisseau.

Parlant de sa chaumière, il déclare  : “Je continue à la peindre et repeindre,  non par habitude ou à cause de son succès, mais parce que je suis persuadé que jusqu’à présent je n’ai pas réussi à en rendre le grand charme et la beauté “.

Pour inciter les villageois à cultiver et fleurir leurs jardins, il offrait chaque année 1000 francs de prix pour la “Chaumière fleurie”. “Vous ne pouvez imaginer combien tout le canton est plus fleuri qu’auparavant. Tout le monde en profite et quelques uns de ces jardinets d’ouvriers ou de paysans sont des petites merveilles.”

 L’influence de Claude Monet

On raconte qu’il  rencontra Claude Monet avec son épouse au “Lion d’Or” à Beaumont. Plein d’admiration pour sa peinture, il lui rendit visite à de nombreuses occasions à Giverny. Il fut impressionné par les jardins créés par le peintre. Quelques années plus tard et après la mort de Monet en 1926, le jardin d’Aston Knight commença à ressembler à celui du vieux Maître. Chaque été, de nombreux visiteurs venaient sonner à la cloche du grand mur séparant la propriété de la rue pour visiter les jardins.

 

Beaumont le Roger, “le plus beau lieu du monde”

Beaucoup des tableaux des jardins d’Aston Knight font partie de l'”Héritage Pastoral” composé de peintures et dessins de son père et de lui-même. “Springhouse” dépeint la Chaumière de Diane, bouteilles de champagne et de bières rafraîchies dans l’eau froide de la rivière en attendant d’être servies après d’acharnées parties de tennis. “Lavoirs au bord de Risle” dépeint le lieu où les femmes beaumontaises lavaient leur linge à la rivière. L’acquisition d’une des scènes de rivière en 1922 par le Président Harding pour la Maison Blanche accrut la popularité de celles-ci. En 1920, il fit de nombreuses expositions de son œuvre dont une pour le Président Coolidge à la Maison Blanche, et toujours la préférence du public se porta sur les tableaux de la Normandie. “Certaines personnes l’appellent le pays des fées et d’autres le paradis”. Pour Aston Knight, c’était  “le plus beau lieu du monde”. Comme à Poissy, sa maison de Beaumont  le Roger était ouverte à tous, offrait une bonne cuisine et d’excellents vins. Sa maison était toujours pleine : amis américains débarquant à Cherbourg pour aller à Paris et s’arrêtant le temps d’un repas ou d’une nuit, jeunes artistes essayant de percer et  trouvant au Manoir de Chantereine, “le Manoir des Grenouilles Chantantes”, un réconfortant accueil.

 1940, la guerre : les  Knight quittent Beaumont le Roger

Après la chute de la France en 1940, les Knight rentrèrent à New York. En août 1944, alors que le Général Patton avait créé une brèche à travers les Avranches, l’American Air Force détruisit la propriété au cours d’une opération de bombardement destinée à couper la retraite des Allemands en détruisant les ponts sur la Risle. Il était hors de question de reconstruire cet ensemble d’une telle architecture et d’une telle beauté, assemblé par petites touches au cours de si nombreuses années. Peu de temps après avoir appris la destruction de sa bien-aimée demeure française, Aston Knight eut une attaque et mourut quelques années plus tard, en 1948.

Aston Knight a toujours préféré peindre le monde de la nature tel qu’il le voyait : “La nature est suffisamment belle pour inspirer des chefs d’oeuvre à ceux qui sont prêts à la copier afin de dévoiler aux autres toute la poésie qu’elle exprime”. Louis Aston Knight a réussi le difficile challenge de se faire un prénom : preuves en sont les nombreuses médailles d’or qu’il obtint aux Salons de Paris, Genève et Nantes. Les nombreuses expositions faites en Europe et aux Etats-Unis en ont fait un peintre de renommée mondiale.

Il fut également fait Chevalier puis Officier et enfin Commandeur de la Légion d’Honneur Française en 1934.

Les rives de la Risle  autour de Beaumont le Roger, peintes par Aston Knight