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Le parc et le Manoir Chantereine

Le Parc et le Manoir  Chantereine de Beaumont le Roger : des lieux chargés d’histoire

Le parc Chantereine de Beaumont le Roger : un lieu paisible

Entre l’Hôtel de ville et la salle des fêtes de Beaumont le Roger, le promeneur, en flânant dans les allées, découvre de superbes massifs entre le dédale de petits ruisseaux au milieu de pelouses entretenues avec soin. Le murmure d’une fontaine sur un bassin du jardin anime à peine ce lieu frais et paisible où l’on réussit quelques instants à oublier l’agitation de la rue.

Les allées du parc Chantereine

Le parc Chantereine longé par la Risle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais, ce que le visiteur ne soupçonne peut-être pas, c’est que ce parc aux frais ombrages, étroitement enserré dans une courbe de la Risle, a lui aussi un passé prestigieux.

 

D’illustres propriétaires

Au XVIIème siècle fut construit un gracieux manoir dont certains disent qu’il était l’oeuvre d’un certain Mansart. Les propriétaires successifs de ces lieux furent d’illustres personnages : d’anciens actes de propriétés nous apprennent qu’en 1651, le roi Louis XVI échangea le comté d’Evreux contre la principauté de Sedan. Le nouveau comte d’Evreux, Frédéric-Maurice de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon, reçut en même temps, par cet échange, le vicomté de Beaumont le Roger où se trouvait le manoir Chantereine.
En 1791, pendant la période révolutionnaire, Godefroy, descendant des ducs de Bouillon, fit don à la ville de la halle qui se trouvait devant l’église Saint-Nicolas et de la prison, partie de ce qui est appelé aujourd’hui l’ancienne mairie.
Pendant la Révolution et l’Empire, les possessions de cette famille furent confisquées et vendues. En 1810, Napoléon 1er les fit acheter, en fit don à Joséphine et transforma l’ensemble en duché de Navarre. Le manoir et les propriétés situées à Beaumont en faisaient partie : c’était son cadeau de rupture. On ne sait si Joséphine est venue visiter ses propriétés… Puis, la descendance de Joséphine s’étant éteinte, le domaine fut vendu et le manoir de Chantereine appartint pendant une centaine d’années à plusieurs familles notables de Beaumont le Roger.

Un acquéreur de talent : Louis Aston Knight

Diane cottage

 

En 1919, un artiste peintre américain, Louis Aston Knight, donna un grand éclat à l’ancienne demeure. Ce nouveau propriétaire, né à Paris en 1873, appartenait au mouvement impressionniste. Il se plaisait à dire que Beaumont était le plus bel endroit du monde. Il transforma les lieux en aménageant plusieurs étangs, piscines, fontaines, canaux, dont il s’inspirait pour peindre ses toiles.

 

Le vaste jardin étalait un tapis de fleurs multicolores, fouillis de fleurs rustiques et sauvages. Une chaumière entourée d’eau constituait un véritable musée normand. Une monumentale cheminée en briques formait fond de pièce. Dans le manoir, un salon servait de galerie aux tableaux de l’artiste. La propriété d’Aston Knight était, en ce temps, aussi célèbre que celle de Claude Monet à Giverny.

Malheureusement, le manoir Chantereine fut totalement sinistré par les bombardements aériens du 17 août 1944, quelques jours seulement avant la libération de la ville le 23 août. Pour couper la retraite des troupes allemandes, le général Patton fit détruire les ponts sur la Risle. La belle propriété disparut sous les bombes américaines.
Après la guerre, Aston Knight vendit à Beaumont ce qui restait de son ancien domaine, faisant même cadeau de la piscine demeurée intacte. Les conditions de la vente étaient très avantageuses pour la commune. Robert Fort, maire de l’époque, et son conseil municipal surent saisir cette opportunité. C’est dans le parc que fut construite quelques années plus tard la salle des fêtes, aujourd’hui salle Robert Fort, inaugurée solennellement en novembre 1957, avec au programme “La belle de Cadix”.
Aston Knight figure parmi les bienfaiteurs de Beaumont le Roger. Une plaque de marbre apposée sur le mur de la mairie en conserve le souvenir. Ceux qui l’ont connu n’ont pas oublié son amabilité et le souci qu’il avait de bien recevoir les Beaumontais chez lui. Ils ont en mémoire ses initiatives pour encourager le fleurissement et la manière dont, en son temps il avait lancé une sorte de concours des maisons fleuries.
Aston Knight voulait aussi développer le sport et il aurait certainement aimé voir les différentes activités qui animent aujourd’hui son parc : tennis, kayak et jeux pour enfants.
Un arbre rare, offert par le fils d’Aston Knight, planté dans le parc, restera le témoin vivant du passage dans notre ville de cet homme discret et chaleureux.